Léda

Mise en scène P. Labaune

 Vous pouvez aller voir des images sur
http://vimeo.com/108800697

Article dans "Mouvement" 
 http://www.mouvement.net/critiques/critiques/leila-brahimi-et-leda-le-sourire-en-banniere

"Des bocaux jonchent la scène. Des branches d’arbre pendent des cintres. Une coiffeuse. Un canapé vert. Des voilages blancs. Une chambre ? Une forêt ? Un appartement ravagé recouvert par le temps et le lierre ? Et un pied de micro, à l’avant-scène. Une comédienne en tailleur vert, comme le canapé, seule en scène, employée de bureau ou rock-star, ou les deux, prend voix.
La comédienne Leïla Brahimi campe le personnage du monologue de Léda, le sourire en bannière de Magali Mougel. Ce texte divisé en neuf chants appartient au recueil Guérillères ordinaires, poèmes dramatiques. Écho au titre néologisme du roman Les Guérillères de Monique Wittig paru en 1969 (Minuit) qui décrit la vie, les rites et légendes d'une communauté entièrement composée de femmes. Vivant entre elles, partageant une sexualité lesbienne, elles rejettent les images de la femme pour sortir de l'aliénation et luttent à mains armées contre certains hommes qui veulent combattre leur liberté. Léda Burdy, consciencieuse hôtesse d’accueil de l’entreprise d’Egon Framm, est l’une d’elle. Son patron vient pour la congédier, à moins qu’elle n'échange son tailleur 42 contre une taille 34 car elle ne rentre plus dans « l’uniforme de l’entreprise». Alors Léda, entame une lutte avec son corps ; « une question de vie ou de mort ».
« Le soleil prend le pas sur la lune.
Écrase l’atmosphère de ses rayons
et laisse apparaître un bleu de ciel sans nom. »(1)
Les bocaux de la scénographie de Claire Davy enferment des objets, peut-être des souvenirs : une poupée Barbie démembrée, un ours en peluche, restes de vie emprisonnés dans du verre, aussi morbides que des mannequins en vitrine. Leïla Brahimi, au micro, dialogue avec la palette de sons aléatoires de Chloé Catoire, en poste derrière la console. On pense à la scène rock underground des années 80 et aux films du nouveau cinéma allemand comme le huis clos de R.W. Fassbinder, Les Larmes amères de Petra Von Kant ; une performance d’actrice, un concert d’enfer porté par une comédienne, pleine de grâce, précise et sensuelle.
1. Magali Mougel, Guérillères ordinaires. Léda, le sourire en bannière. Editions espaces 34, 2013. p.62.
Léda, le sourire en bannière de Magali Mougel les 22 et 23 avril à l'Heure Bleue de Saint-Martin d'Hères et du 6 au 10 mai au théâtre de l'Elysée à Lyon."